Passé et avenir sous un méme toit
La rénovation d’une école privée zurichoise riche en tradition visait à créer un environnement moderne, propice à l’apprentissage et à l’enseignement. Kopp Baumanagement s’est chargé de la planification de l’exécution, et Vilio AG, expert en services de construction, a réalisé les travaux de maçonnerie classiques en apportant son savoir-faire artisanal.

Dès le seuil franchi, on ressent pleinement toute l’importance de ce bâtiment. Sur les carreaux en grès faits main disposés avec harmonie, chaque pas gagne en solennité. C’est ici que des jeunes vont et viennent pour se former en mathématiques, chimie, langues ou encore histoire. Edifié à la fin du XIXe siècle, le bâtiment de la Waldmannstrasse 9 surplombe la place Bellevue et abrite la Freie Schule Zürich. Après diverses rénovations mineures, les transformations dynamiques des dernières décennies et la création d’une annexe en béton dans les années 1990, il était temps d’unifier dans un même langage esthétique les vingt classes et les ateliers de cet établissement. L’objectif était de les moderniser tout en restituant autant que possible les matériaux d’origine. «L’architecte Martin Ladner, du bureau Ladner Meier, souhaitait rénover le bâtiment pour le mettre en valeur, en remplaçant notamment les surfaces usées et en harmonisant les transformations précédentes, et cela en visant un objectif de zéro pollution. La première impression se devait d’être accueillante et empreinte de respectabilité. Le sol de l’entrée a été remplacé par des carreaux haut de gamme fournis par l’entreprise Golem, fidèles au style de l’époque de construction», explique Markus Kopp, responsable du chantier avec son entreprise Kopp Baumanagement AG. Aujourd’hui, au sommet du large escalier, les arrivants sont accueillis par un mur d’un rouge dit sang de boeuf. «Ici, nous avons utilisé une peinture à l’huile traditionnelle, qui a mis plusieurs semaines à sécher», ajoute Markus Kopp. «Il était donc crucial de travailler sans faire de poussière. Nous avons installé des cloisons antipoussière avec des portes à fermeture éclair pour garantir protection et flexibilité. Les sols et installations ont été recouverts avec soin afin de préserver les éléments classés du bâtiment pendant la transformation», précise Stefan Cavallaro, chef de chantier chez Vilio AG.


Des travaux exigeants pendant les heures de cours
Dans ce projet, les sols ont réservé une surprise bien particulière: pendant la première phase des travaux, le retrait du linoléum et des revêtements dans plusieurs pièces et couloirs a mis au jour un ancien parquet en chevrons bordé d’une frise. «Comme nous sommes spécialisés dans les rénovations de bâtiments classés, nous avons vite compris qu’il fallait impérativement le conserver. Par un travail méticuleux, nous avons nettoyé avec soin ce parquet de 35 millimètres en chêne massif», poursuit Stefan Cavallaro. Seule la salle de chimie, soumise à des exigences spécifiques quant aux matériaux, a reçu un nouveau revêtement de sol. Même si ce travail d’orfèvre a été payant, il a représenté une charge supplémentaire sur un calendrier déjà très serré: lancés début juillet 2023, les travaux se sont déroulés en trois phases de plusieurs mois jusqu’en octobre 2024. Le calendrier s’est révélé d’autant plus ambitieux que les cours se poursuivaient en parallèle dans l’établissement. Les travaux bruyants étaient restreints aux week-ends et aux vacances scolaires. Pour garantir la sécurité, une tour d’échafaudage a été installée, permettant de travailler sans danger. «En raison de leur taille, de nombreux objets ont néanmoins été transportés à travers les couloirs. Pour éviter de croiser les élèves, les ouvriers ont dû être disponibles tôt le matin ou tard le soir ainsi que les week-ends. Il est parfois arrivé que nous soyons jusqu’à une douzaine sur place. Ces phases ont été exigeantes sur le plan logistique», souligne Stefan Cavallaro.
. Pour éviter de croiser les élèves, les ouvriers ont dû être disponibles tôt le matin ou tard le soir ainsi que les week-ends.Stefan Cavallaro


Détails historiques et nouvelle fonctionnalité
Utilisés depuis la fondation de l’école il y a plus d’un siècle, les placards encastrés historiques avaient une importance particulière. Dissimulés sous d’épaisses couches de peinture grise, ces placards ont été méticuleusement restaurés à la main. Dans leur splendeur retrouvée, ils sont désormais assortis de nouvelles étagères et armoires en chêne. Le plus souvent, une surface colorée homogène est obtenue par laquage ou pulvérisation, mais cet effet n’était pas souhaité ici. «Le client voulait donner une apparence de vécu à ces nouvelles armoires et étagères. Nous avons donc fait peindre le tout au pinceau afin de mettre en évidence le travail manuel de l’artisan», relève Markus Kopp. Les poignées aux formes organiques viennent parfaire l’ensemble. Même en levant les yeux, on peut apprécier le soin apporté aux détails. «Pour améliorer l’acoustique, des plafonds suspendus ont été posés. Chaque panneau possède un cadre en bois massif, lasuré de manière à laisser transparaître la structure», explique Markus Kopp. Les tableaux muraux numériques modernes ont remplacé les anciens dans chaque classe. L’un des défis majeurs a été de déplacer le réfectoire au rez-de-chaussée de l’annexe en béton. Un chauffage au sol hors service a dû être retiré. Sans disposer des plans, Vilio est parvenu à repérer les conduites enfouies à 1,80 mètre sous la dalle de béton, au prix de montagnes de gravats à évacuer. Aujourd’hui, le personnel prépare les repas dans une cuisine aux couleurs vives et aux façades vertes en tôle trapézoïdale, bordées de profilés rouge-orange. «Mieux distribué, l’espace a été réorganisé. Grâce à un puits de lumière, les élèves peuvent pleinement profiter de cet espace de détente lumineux et ouvert», note Stefan Cavallaro. Du rez-de-chaussée au sommet du bâtiment, une installation photovoltaïque a été mise en place sur l’annexe en béton, qui génère de l’électricité supplémentaire. L’ancien appartement dans les combles du bâtiment historique a été converti en salles de classe, en pièces annexes, notamment pour l’informatique, et en une salle de réunion supplémentaire pour la soixantaine d’enseignants. Sous des plafonds rénovés qui offrent un meilleur confort thermique, été comme hiver, ils préparent désormais leurs cours avec une vue imprenable sur la ville. En l’absence de sol historique, comme dans l’atelier voisin, du linoléum a pu être posé. La fondation Freie Schule s’est occupée elle-même de l’ensemble du mobilier. «Nous avons simplement organisé le transport des anciens pupitres et chaises, qui ont été offerts à une école en Afrique», raconte Markus Kopp. Pour son entreprise et pour Vilio, ce n’était pas la première école qu’ils rénovaient ensemble. Ils avaient donc déjà une solide expérience pour assurer la continuité des cours tout en respectant des délais serrés.
Le client voulait donner une apparence de vécu à ces nouvelles armoires et étagères. Nous avons donc fait peindre le tout au pinceau afin de mettre en évidence le travail manuel de l’artisan.Markus Kopp
