L’avant-poste du Futur Urbanisme

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Damian Poffet
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Conçue par le cabinet Burkard Meyer Architekten dans un esprit résolument urbain, la Bäretower d’Ostermundigen règne encore en solitaire. Ses trente-deux étages habillés d’une façade en aluminium anodisé pointent vers le ciel. Mais dans un peu plus de six ans, elle deviendra, avec l’arrêt de tram qui sera alors terminé, le repère du centre urbain en cours de développement dans cette commune de banlieue bernoise en pleine croissance.

Tel un point de repère, la Bäretower émerge du cadre villageois de la commune de banlieue d’Ostermundigen.
La Bäretower est également bien visible depuis les rues des quartiers voisins de la ville de Berne toute proche.
Combinées aux grandes baies vitrées, les saillies du plan créent des perspectives intéressantes.
Selon l’orientation des appartements, les locataires jouissent d’une vue sur les collines environnantes, sur la ville de Berne toute proche ou sur le Jura et les Alpes bernoises.
Les parquets en chêne huilé font entrer la palette de couleurs de la nature environnante dans l’espace de vie.
Les façades des trois bâtiments sont revêtues d’aluminium anodisé à l’intérieur comme à l’extérieur. Côté intérieur, le revêtement est incolore, côté ­extérieur, il se décline alternativement en incolore et en bronze.
Selon l’angle de vue, la tour offre des contrastes saisissants avec l’architecture environnante d’après-guerre.
Une partie des appartements du 10e étage disposent non seulement d’une loggia, mais aussi d’une terrasse, grâce à l’avancée du restaurant situé en dessous.

C’est avec élégance que la Bäretower se dresse vers le ciel à côté de la gare ­d’Oster­mundigen. Son apparence varie lorsqu’on en fait le tour. Vue depuis l’est, en direction de la gare, la silhouette est élancée, tandis que depuis le nord, une annexe semble ancrer visuellement la tour dans le sol. Vue depuis l’ouest, elle ­présente des saillies latérales et depuis le sud, le bâtiment dévoile toute sa largeur.

Les contrastes entre l’architecture bucolique de l’ancien village et la nouvelle construction urbaine sont encore très marqués autour de la Bäretower : par exemple à l’angle nord-ouest, où le bistrot au look citadin situé au pied de la tour jouxte directement un lotissement datant des années 1950. A l’est, le bâtiment historique de la gare construit en 1912 n’est qu’à quelques encablures. Mais cet environnement est appelé à se transformer prochainement : en effet, la tour est l’avant-poste de l’urbanisation en cours de cette commune de banlieue. Dans six bonnes années, les trams de la nouvelle ligne en provenance de Berne s’arrêteront aux abords de la tour, au nouveau point de correspondance avec le S-Bahn. La fusion de la commune avec la Ville fédérale est également prévue, et d’autres nouvelles constructions suivront. Avec la réalisation de la tour, Ostermundigen s’est déjà dotée d’une place urbaine à proximité de la future ­station de tram. Jusqu’à présent, une telle place faisait défaut dans le tissu urbain qui s’étend tout au long de la Bernstrasse.

C’est l’adoption en 2015 du nouveau plan de quartier qui a rendu possible la concré­tisation de la Bäretower, développée par ­Halter SA. Il a permis de démolir l’auberge Bären et de la remplacer par une tour de trente-deux étages, une annexe de cinq niveaux, un bâtiment indépendant de trois niveaux – appelé Kubus – et une place. Les plans ont été réalisés par le bureau d’architectes Burkard Meyer de Baden, et Helvetia Assurances a été le maître d’ouvrage.

Une topographie de façade captivante

La tour constitue un élément urbain par excellence. Même si la construction contraste encore avec son environnement, elle s’y intègre bien. La façade en aluminium y est pour beaucoup. Conçue avec soin et finesse, elle fait alterner des surfaces naturelles et anodisées couleur bronze. Des éléments nervurés et extrudés, similaires à une tôle trapézoïdale, apportent des touches horizontales, des lésènes entre les fenêtres soulignent la hauteur des étages, une alternance de vitrages fixes affleurant la façade et de vantaux de fenêtres décalés vers ­l’arrière crée des effets de profondeur. Par ailleurs, la matérialisation bicolore produit des jeux de couleurs changeant en fonction de la lumière, de l’heure du jour et de la saison.

La façade a été conçue de la même manière pour l’annexe et, dans une version légèrement différente, pour le bâtiment cubique, qui forment ainsi une unité. La silhouette de la tour est dynamisée par un changement de la forme de base entre le 9e et le 10e étage. Les architectes ont ainsi fait de la nécessité une vertu : en effet, la topographie des façades permet aussi de respecter les règles relatives à l’ombre portée par la tour.

Les formes extérieures changeantes se reflètent sur les plans. Le noyau de desserte qui s’étend du rez-de-chaussée au restaurant du 9e étage est étiré en longueur, car il doit accueillir deux ascenseurs supplémentaires pour desservir le restaurant, en plus de la cage d’escalier et des trois ascenseurs qui desservent tous les étages. Sept appartements par niveau sont disposés autour de ce long noyau, du 3e au 8e étage. Le 9e étage est occupé par le restaurant. Les dix-huit étages supérieurs présentent un noyau de desserte plus compact. On y trouve cinq appartements par niveau. Du 29e au 31e étage, leur nombre n’est que de quatre, mais ils sont plus grands. Dans quasiment tous les appartements, les architectes ont placé le salon et la salle à manger dans les angles du bâtiment. Ceux-ci offrent ainsi des vues imprenables au moins dans deux directions. Au dernier étage, les trois appartements en penthouse offrent une plus grande hauteur sous plafond. Tous les appartements sont aménagés de manière sobre, avec les murs intérieurs également revêtus d’aluminium, des cloisons de séparation en crépi blanc et un plancher en bois de chêne. Les grandes baies vitrées fixes sont dotées de larges rebords et offrent aux 152 appartements une vue soit sur les Alpes bernoises, soit sur la ville, soit sur la chaîne du Jura.

Un bistrot et une surface commerciale sont installés au rez-de-chaussée de la tour. A côté, dans l’annexe, se trouve le hall d’accueil de l’hôtel Harry’s Home. Les chambres d’hôtel sont réparties sur les quatre étages supérieurs et donnent soit sur la façade extérieure, soit sur une cour intérieure en forme de « U » qui s’étend entre la tour et l’annexe. Le troisième bâtiment, solitaire, abrite une pharmacie, une banque et des ­cabinets médicaux sur deux étages. Le ­bâtiment Kubus et la tour encadrent la ­Bären­platz qui, dans quelques années, constituera une partie du nouveau centre urbain ­d’Ostermundigen, qui ne sera alors probablement plus une commune, mais un ­quartier de Berne.

Plan du 9e étage : le restaurant, sa cuisine et sa terrasse se déploient autour du noyau de desserte.
Plan du 6e étage : la majorité des appartements disposent ici d’une loggia comme espace extérieur privé.
Plan du 11e au 28e étage : le noyau plus petit des étages standards laisse plus d’espace pour les appartements.
Plan du 32e étage : des escaliers permettent d’accéder aux terrasses des appartements en attique depuis les loggias.
Plan de situation : le bâtiment Kubus pentagonal, la tour et l’annexe sont reliés entre eux par la Bärenplatz, juste à côté du rond-point.
Coupe : la tour, le bâtiment Kubus et l’annexe reposent sur un parking souterrain de deux niveaux. On voit le changement de forme du plan à hauteur du restaurant.

Burkard Meyer Architekten AG Burkard Meyer de Baden fait partie des bureaux qui marquent l’architecture de la Suisse depuis des décennies. Fondé en 1968 par Urs Burkard et Adrian Meyer, il est aujourd’hui dirigé par six associés et emploie au total une trentaine de collaborateurs. Parmi les réalisations les plus connues du bureau, on trouve la tour près de la gare de ­Winterthour, construite en l’an 2000, l’immeuble d’habitation et de bureaux Falken à Baden, datant de 2006, le centre de loisirs et de divertissement Trafo sur l’ancien site ABB à Baden, construit en 2003, ou encore le centre de formation professionnelle réalisé en 2006, également à Baden. L’immeuble de bureaux Suurstoffi 22 à Rotkreuz, première tour en bois de Suisse, dont la construction a été achevée en 2019, a également acquis une grande notoriété.

www.burkardmeyer.ch

Cet article est publié dans l'édition imprimée KOMPLEX 2023. Vous pouvez commander ce numéro et d'autres gratuitement ici.

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