La périphérie n'existe pas.

Texte
Vittorio Magnago Lampugnani

Un regard sur le développement de l'agglomération et les stratégies à adopter pour son essor urbain.

Horner Geest 2030, Hambourg, mandat d’étude – Un modèle pour la densification de la périphérie urbaine clairsemée

Avec ses groupes de maisons isolées dans de vastes espaces verts, le quartier hambourgeois de Horner Geest est un lieu de vie attrayant, tant sur le plan social que sur celui de l’espace urbain. Son caractère singulier ne doit pas être dilué par la densification relativement importante prévue. C’est pourquoi un aménagement urbanistique tout en finesse est proposé. Les secteurs existants sont conservés avec respect et leurs espaces ouverts sont valorisés de manière conviviale. Les bâtiments vétustes seront peu à peu remplacés par de nouveaux ensembles, substantiellement et résolument plus denses. Ceux-ci allieront urbanité et cours généreuses et végétalisées. Les places de stationnement quitteront les rues pour rejoindre des parkings à plusieurs étages qui pourront être transformés ultérieurement en surfaces commerciales. Les espaces verts existants seront harmonisés, améliorés sur le plan écologique et reliés entre eux. Des centres fonctionnels et identitaires très denses seront créés aux deux stations de métro. Entre les deux se dessine la nouvelle Manshardtallee : elle accueillera la mobilité douce sans pour autant exclure totalement le trafic motorisé et constitue, en tant que zone de rencontre innovante, l’épine dorsale communautaire du quartier. © BaukontorArchitekten avec Feddersen & Klostermann, Nipkow Landschaftsarchitektur, Atelier Girot et Transsolar Klimaengineering

Le quartier Horner Geest aujourd’hui, une extension urbaine typique des années 1950 et 1960, selon le modèle d’une ville structurée et aérée avec des constructions hétérogènes dans un cadre de verdure.
Plan de situation du quartier Horner Geest à Hambourg : la périphérie de la ville sous la forme d’une addition d’archipels. Les couleurs indiquent les zones interprétées comme étant cohérentes d’un point de vue urbanistique.

Le phénomène du suburbain est né en même temps que celui de l’urbain : dès l’Antiquité, une zone aux limites floues marquait la transition entre la ville et la campagne environnante. Vers le milieu du XIXe siècle, cette zone a été découverte comme une alternative potentielle à la grande ville industrielle sur densifiée et polluée, mais aussi comme un lieu où l’on pouvait installer à moindre coût des personnes qui n’avaient pas les moyens de s’offrir un logement en ville.

Visages de la périphérie

Avec l’avènement de l’industrialisation et l’exode rural qui en a résulté, les villes à travers toute l’Europe ont connu une forte croissance, souvent incontrôlée. Les périphéries urbaines ont envahi de vastes zones autour des centres-villes, ont proliféré le long des infrastructures de transport, des voies ferrées et des artères routières, et ont englouti des villages ainsi que des terres agricoles. Le mouvement des cités-jardins d’Ebenezer Howard a tenté d’orienter ce phénomène vers des solutions urbanistiques et sociales plus judicieuses, tout en jouant un rôle proactif. Ainsi, Raymond Unwin, architecte, urbaniste et illustre figure de proue du Garden City Movement, s’est opposé dans son livre Town Planning in Practice, écrit en 1909, à l’envahissement du paysage naturel par des habitations juxtaposées de manière sauvage et parfois très rapprochée, qui n’étaient de toute évidence guidées par aucune considération pour les besoins communautaires des habitants. Même la Charte d’Athènes de 1942, par ailleurs très favorable au progrès, et son porte-parole Le Corbusier accusaient la croissance urbaine de l’ère des Machines, sans concept ni contrôle, d’être responsable du chaos régnant dans les villes contemporaines, et dénonçaient les implantations suburbaines.

Avec les extensions de Paris, de Barcelone et de Berlin, on avait déjà pu constater au XIXe siècle que les poussées de développement jusqu’alors inédites des grandes villes pouvaient être compensées par des mesures résolument urbaines : ainsi, Berlin est passée d’une ville de 525 000 habitants à une métropole de 2 millions d’habitants conformément aux lignes directrices de James Hobrecht. Toutefois, la société de masse du XXe siècle a imposé la maison individuelle avec jardin comme miniature et substitut du château aristocratique et de la maison de campagne de la grande bourgeoisie, et ce, généralement sans aucun scrupule sur le plan de l’urbanisme. Les premières banlieues comme Hampstead Garden Suburb près de Londres de Barry Parker et Raymond Unwin, Riverside près de Chicago de Frederick Law Olmsted et Calvert Vaux, ou encore Coral Gables près de Miami de George Edgar Merrick étaient pour la plupart chic, mais aussi uniques en leur genre, et de la plus grande qualité tant paysagère qu’urbanistique.

Les constructions qui ont suivi, des plus opulentes aux plus modestes, étaient assez uniformes et ubiquitaires.

Sous l’effet conjugué malencontreux des forces politiques, sociologiques, technocratiques et de l’économie de marché, les villes ont explosé en agglomérations périphériques fragmentées qui ne se sont pas développées de manière réfléchie à partir du centre densifié, mais l’ont assiégé avec des structures éparses et pour la plupart labyrinthiques. Aujourd’hui, environ deux tiers de la population européenne vit dans ces structures, et ailleurs, cette part est encore plus élevée.

L’époque où seuls les plus pauvres parmi les pauvres vivaient en dehors de la ville dans des maisons ou des baraques lugubres, juste à côté d’usines puantes et bruyantes, est révolue depuis longtemps. Aujourd’hui, l’agglomération est un mélange hétéroclite de cités-jardins, de groupes de maisons individuelles, de jardins ouvriers, de cités-dortoirs, d’immeubles de bureaux, de petites entreprises industrielles, d’usines désaffectées, sous-utilisées ou réaffectées, de complexes artisanaux, de centres commerciaux, de bâtiments sportifs, d’entrepôts logistiques – et d’immenses infrastructures omniprésentes. Les agglomérations restent soumises à une forte pression de développement et représentent à la fois la grande chance et l’enfant terrible de l’urbanisme contemporain.

Stratégies pour l’urbanisation de l’agglomération

Comment faire pour transformer la Cendrillon de l’urbanisation européenne en une princesse désirable ? Tout d’abord, il faut soigneusement équilibrer les usages. La mauvaise réputation des périphéries est en grande partie due à leur monofonctionnalité : les cités-dortoirs, complexes d’usines, zones industrielles et centres commerciaux sont généralement séparés les uns des autres de manière rigide. Or, c’est le contraire qu’il faut viser : un mélange d’usages qui répond à tous les besoins des habitants et transforme les îlots fonctionnels en quartiers vivants et agréables.

Ces usages doivent être suffisamment rapprochés pour permettre aux gens de se déplacer facilement entre eux. L’agglomération dispersée doit être densifiée, mais pas sans mesure, ni partout, ni n’importe comment. Par exemple, si des rangées de maisons datant des années 1950, trop clairsemées pour notre époque, mais bien proportionnées en elles-mêmes et entourées d’espaces ouverts agréables, sont surélevées de manière rigide, elles perdent leurs qualités sans pour autant accueillir beaucoup plus d’habitants. Tous les terrains ne se prêtent pas à la construction, par exemple lorsqu’ils sont si fortement exposés aux nuisances que l’architecte doit prévoir, pour des raisons de protection contre le bruit, des façades fermées et peu accueillantes, avec des fenêtres qui ne peuvent pas être ouvertes. Et les tours ne doivent pas être construites au hasard, là où il y a de la place ou un investisseur, mais exclusivement à des endroits importants du point de vue urbanistique. La densification, même intelligente et appropriée, exige des compensations. C’est ce qu’offrent les espaces non bâtis. Mais nous ne parlons pas ici de friches inhospitalières ni de terrains vagues résiduels, qui sont plus que suffisamment nombreux dans l’agglomération, mais de rues, de places, de jardins et de parcs. Ces espaces doivent être conçus de manière cohérente et aménagés avec soin. Dans la mesure du possible, ils doivent même être planifiés avant les maisons. Si les maisons sont privées, les espaces ouverts sont communs. Ils constituent le fondement spatial, mais aussi et surtout social, d’un quartier. C’est pourquoi ils sont prioritaires. Leur préservation n’est pas seulement l’expression d’un altruisme nourri par l’esprit social : les espaces ouverts mettent également en valeur les immeubles voisins.

Plan de situation du projet pour le quartier Horner Geest à Hambourg : la nouvelle Manshardtallee comme épine dorsale du quartier densifié, le bâti existant conservé et soigneusement revalorisé, la poursuite de la construction de la ville tel un collage avec de nouveaux archipels urbains.
Vue aérienne de l’Audorfring : l’archipel aujourd’hui. Des rangées de maisons dispersées librement et agréablement proportionnées, séparées par des espaces verts, des parkings et des garages. La Manshardtallee est une simple voie de circulation sans aucun attrait.
Axonométrie de l’Audorfring : l’archipel revalorisé avec des espaces ouverts réaffectés et réaménagés. Au centre, la nouvelle Manshardtallee, avec en haut à gauche (coupées) de nouvelles constructions densifiées.

S’il existe des rues, des places, des espaces verts et que ceux-ci fonctionnent bien, les bâtiments n’ont pas besoin de les imiter à l’intérieur, comme le font depuis des décennies les centres commerciaux et, de plus en plus, les nouveaux complexes de bureaux qui, en plus des postes de travail, proposent des centres de fitness, des cafés et des restaurants dans des atriums vitrés. De telles installations hybrides ne sont que des substituts de ce que la ville a à offrir de bien meilleur, de plus vivant et de plus efficace aussi. L’agglomération n’offre que peu de commodités urbaines véritablement publiques ; et c’est précisément là que devrait intervenir sa revalorisation.

En effet, les conglomérats d’usages et de constructions disparates de la périphérie doivent être transformés en quartiers urbains aussi autonomes que possible, eux-mêmes reliés entre eux et au centre-ville. Cela ne peut se faire qu’à travers une planification qui ne s’arrête pas aux limites des propriétés. Si les architectures individuelles qui se veulent désormais ambitieuses, même en périphérie des villes, apportent des touches attrayantes, elles ne sont guère utiles sur le plan structurel.

Ce dont les agglomérations ont cruellement besoin, ce sont des projets d’urbanisme globaux, précis et concrets.

Eux seuls peuvent constituer un cadre de développement permettant la mise en valeur des nouvelles constructions tout comme celle des structures bâties existantes. Eux seuls peuvent faire prospérer les synergies fonctionnelles, économiques et sociales. Eux seuls peuvent transformer la juxtaposition banale de bâtiments, d’espaces ouverts et d’infrastructures de transport en un ensemble urbain fascinant.

Ce n’est pas sans raison que de telles planifications globales sont rares. En effet, elles nécessitent une volonté politique pour les initier, en assumer la responsabilité et les mettre en oeuvre dans l’optique du bien commun, au-delà des décisions administratives et des intérêts particuliers. Et elles requièrent un vaste savoir-faire en matière d’urbanisme, notamment parce qu’elles ne doivent pas se cacher derrière des concepts abstraits et flous, mais répondre à des exigences fonctionnelles et techniques ainsi qu’à des critères spatiaux, voire esthétiques, très concrets.

L’ensemble urbain ne gommera pas la spécificité des sites qui composent l’agglomération et ne se l’appropriera pas non plus. Une ville moderne n’est pas une structure homogène, c’est une composition d’éléments variés. Ces éléments peuvent et doivent être aussi divers que les époques et les circonstances qui les ont générés. Mais ils ne doivent pas être différents au point de ne présenter aucun point commun ni aucune cohérence.

Or, c’est précisément ce qui risque d’arriver à l’agglomération. Sa prolifération aléatoire a donné naissance à un bric-à‑brac d’usages et de formes architecturales qu’il s’agit d’ordonner et d’apaiser, ce qui est d’autant plus exigeant qu’il n’est pas question de tout démolir pour reconstruire. Pour des raisons économiques, mais aussi écologiques, et enfin culturelles, il faut souvent composer avec l’existant. Par conséquent, il convient d’évaluer soigneusement ce que l’on peut abandonner pour le remplacer par quelque chose de mieux et obtenir ainsi une nouvelle qualité urbanistique, et ce qui doit être conservé et éventuellement réaffecté ou transformé. Cette dernière solution peut s’avérer avantageuse, comme le montrent les sites industriels réhabilités qui, en de nombreux endroits, allient fonctionnalité flexible et charme identitaire.

Axonométrie schématique de la Horner Geest Platz : superposition du bâti existant, qui sera démoli dans le cadre de l’aménagement de la nouvelle station de métro, et du bâti dense à usage mixte qui le remplacera, afin de créer une nouvelle place urbaine.

Portrait-robot d’un quartier urbain

Le réaménagement doit viser la création de quartiers urbains dans l’agglomération. Ce terme est depuis peu sur toutes les lèvres. Alors que pendant des décennies, on ne parlait que de complexes, de sites, de zones et de lotissements lors de nouveaux projets d’aménagement d’envergure, on les appelle désormais en de nombreux endroits des « quartiers », afin de leur conférer le cachet d’une urbanité qui reste bien souvent lettre morte. Que faut-il pour qu’un lieu tienne réellement cette promesse ? Tout d’abord : des usages équilibrés. Il s’agira principalement d’immeubles d’habitation. Puis des crèches, des jardins d’enfants, des écoles, mais aussi des magasins et des cinémas. Et des lieux de travail : des bureaux, des manufactures, éventuellement des petites usines. Deux fois plus de logements que d’emplois constitue une valeur de référence stable. Idéalement, les bâtiments ne seront ni monofonctionnels ni conçus sur mesure pour un usage particulier, mais accueilleront des installations communes au rez-de-chaussée et seront suffisamment neutres pour pouvoir s’adapter et évoluer.

Un quartier n’est pas une cité-dortoir ni un ghetto de travailleurs, mais un fragment de ville. Dans l’idéal, un quartier est une petite ville dans la grande.
Axonométrie de la Horner Geest Platz : les bâtiments à cour ouverte définissent clairement la nouvelle place et la Manshardtallee, également réaménagée ; des jardins communautaires protégés seront créés à l’intérieur des cours.

La taille d’un quartier doit être raisonnable et les distances entre ses différents lieux doivent être courtes. S’il n’y a pas de règles fixes, il existe quelques valeurs indicatives : tout ce dont on a besoin pour la vie quotidienne doit être accessible en dix minutes, soit dans un rayon d’environ 500 mètres. Pour être autonome, un quartier doit compter une population critique d’environ 10 000 personnes. Celles-ci doivent cohabiter de manière rapprochée pour tenir sur une surface limitée : un quartier a besoin de densité.

Il sera relié à son environnement urbain, mais il a également besoin d’un plan clairement identifiable. Celui-ci reposera sur les structures existantes, mais aura sa propre configuration et, outre des points de connexion, des limites – non pas physiques, mais esthétiques. La géométrie du tracé des rues doit être cohérente en soi : peu importe qu’elle soit orthogonale ou courbe, hiérarchique ou homologue. Les espaces publics, les rues et les places doivent être tout aussi cohérents en termes de réalisation et d’aménagement : revêtements de sol, trottoirs, jardins, clôtures, mais aussi éclairage public, bancs et tous les autres éléments de mobilier urbain. Ils confèrent à l’espace urbain non seulement son utilité et son attrait, mais aussi son caractère. Le quartier devient une création architecturale.

Mais il n’y a pas que le tracé des rues qui doit être cohérent, les architectures doivent l’être tout autant. Bien évidemment, un quartier à usage mixte comprend également des bâtiments particuliers, à commencer par les bâtiments communautaires. Mais la plupart des bâtiments doivent illustrer et matérialiser la cohésion du quartier, notamment par leurs façades. Elles constituent l’interface entre l’habitat privé (ou les activités professionnelles) et la vie publique. Elles incarnent le visage des bâtiments et, dans leur ensemble, celui du quartier.

Chaque quartier a absolument besoin d’un centre communautaire : une place. Une esplanade ou un parc, voire une rue particulière, peuvent également remplir cette fonction. Le centre a des raisons fonctionnelles : des événements tels que le marché hebdomadaire ou des festivités ont besoin d’un espace approprié. Mais il a aussi et surtout des raisons symboliques :

la petite communauté a besoin d’un lieu où elle peut se réunir, se manifester, être elle-même. Un lieu d’identification.

La périphérie à l’instar du centre ?

C’est là que l’on pourrait objecter : des quartiers clairs et identifiables, des places agréables à vivre, des allées et des jardins offrant une grande qualité récréative, des maisons au style paisible, des bâtiments communautaires dignes – ces stratégies proposées ne sont-elles pas identiques à celles qui devraient être mises en oeuvre dans le centre-ville, dans la ville compacte qui s’est développée au fil du temps ? Effectivement, elles le sont. Certes, dans l’agglomération, la situation de départ est différente et plus exigeante que dans la ville compacte, mais l’objectif est le même : créer un environnement urbain fonctionnel, attrayant et durable à tous égards.

Cet environnement urbain, la périphérie le mérite autant que le centre. Il y sera différent, mais pas de moins bonne qualité. La ville moderne offre des lieux divers, mais chacun d’entre eux doit être de qualité équivalente sur le plan fonctionnel, social et esthétique. Ce n’est qu’en atteignant ces objectifs que la ville moderne correspondra également à une société moderne, égalitaire, juste et durable.

Vittorio Magnago Lampugnani (72 ans),

né à Rome, a étudié l’architecture à l’Université La Sapienza et à l’Université de Stuttgart. Dans les années 1980, il a largement contribué à la conception de l’Exposition internationale d’architecturede Berlin. Plus tard, il a publié la revue Domus à Milan et a été directeur du Deutsches Architekturmuseum à Francfort-sur-le-Main. De1994 à 2016, il a occupé la chaire d’histoire de l’urbanisme à l’EPF de Zurich. Depuis 1981, il dirige le Studio di Architettura à Milan et, depuis 2010, en partenariat avec Jens Bohm, le bureau Baukontor Architekten à Zurich. Parallèlement, il enseigne à la Graduate School of Design de l’Université Harvard et écrit pour la Neue Zürcher Zeitung. Parmi ses projets les plus importants figurent le Campus Novartis à Bâle, le quartier Richti à Wallisellen, la gare souterraine de Mergellina à Naples et l’immeuble commercial de la Schiffbauplatz à Zurich. Parmi ses publications les plus importantes, on peut citer Die Modernität des Dauerhaften (1996), Die Stadt im 20. Jahrhundert (2010), Atlas zum Städtebau (2018) et Bedeutsame Belanglosigkeiten (2019). → www.baukontorarchitekten.ch

Cet article est publié dans l'édition imprimée KOMPLEX 2023. Vous pouvez commander ce numéro et d'autres gratuitement ici.

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