Entre rénovation énergétique et développement urbain

Le complexe immobilier situé à l’angle du boulevard de Pérolles et de la rue Vogt est emblématique de l’évolution architecturale de Fribourg. Construit dans les années 1950, il reflète un urbanisme d’après-guerre, focalisé sur la fonctionnalité et la sobriété. Cependant, avec le temps, les standards énergétiques et techniques de l’époque ont montré leurs limites.

Débute alors un projet de longue haleine, initié par le maître d’ouvrage CPE Fondation de Prévoyance Énergie. Le premier objectif visait à répondre aux exigences actuelles en matière d’efficacité énergétique. Entre désamiantage, isolation et performances énergétiques, l’objectif était clair : transformer un ensemble vieillissant en un modèle durable de réhabilitation. Mais cette modernisation ne s’est pas arrêtée à l’amélioration thermique. En proposant une rénovation technique de l’ensemble des 147 logements, puis une surélévation pour créer 28 nouveaux appartements, le projet est devenu une véritable illustration du potentiel de la densification verticale dans les villes historiques.

Sollicitée en 2020, Halter SA a réalisé le projet en tant qu’entreprise totale. Après un chantier d’environ trois ans, les derniers appartements ont été livrés en septembre 2024.

Débute alors un projet de longue haleine, initié par le maître d’ouvrage CPE Fondation de Prévoyance Énergie. Le premier objectif visait à répondre aux exigences actuelles en matière d’efficacité énergétique. Entre désamiantage, isolation et performances énergétiques, l’objectif était clair: transformer un ensemble vieillissant en un modèle durable de réhabilitation. Mais cette modernisation ne s’est pas arrêtée à l’amélioration thermique. En proposant une rénovation technique de l’ensemble des 147 logements, puis une surélévation pour créer 28 nouveaux appartements, le projet est devenu une véritable illustration du potentiel de la densification verticale dans les villes historiques. Sollicitée en 2020, Halter SA a réalisé le projet en tant qu’entreprise totale. Après un chantier d’environ trois ans, les derniers appartements ont été livrés en septembre 2024.
L’ensemble bâti adopte une forme en L et regroupe cinq bâtiments, dont un parking, avec un socle commercial de deux niveaux et des appartements locatifs au-dessus. Son identité marquée par une façade en plaques de fibres de ciment jaune avec un jeu de relief, accentué dans les années 1990 par la fermeture des balcons d’origine pour augmenter la surface des logements, constituait un marqueur fort du centre-ville fribourgeois. LZA Architectes, qui a repris le projet après les premières études de kpa architectes, a adopté une approche prônant une modernisation respectueuse. Si les proportions entre pleins et vides ont été conservées, la façade ventilée a quant à elle été remplacée par une façade compacte isolée par l’extérieur, et revêtue d’un crépi de couleur blanche. Malgré ce changement esthétique important, le relief des verticalités d’origine a été fidèlement reproduit grâce à des plaques d’isolation plus épaisses ainsi qu’une variation dans la texture du crépi (en grain pour des bandeaux horizontaux et lisse entre les fenêtres). Fruit de la collaboration entre les architectes, Halter et CPE, ces choix traduisent la volonté de moderniser tout en respectant le langage initial du bâti. Telles des interventions chirurgicales, chaque décision est mûrement réfléchie afin d’équilibrer innovation et respect de l’héritage.

Outre les travaux esthétiques et énergétiques, une reconfiguration interne a permis de répondre aux standards de vie actuels. Les appartements modernisés offrent des cuisines et salles de bain repensées et des techniques remises à neuf, et les typologies des nouveaux logements incluent des attiques avec terrasses privatives accessibles en toiture, une première à Fribourg. Ces dégagements extérieurs, jouissant d’une vue dégagée sur la Sarine et le grand paysage, renforcent l’attractivité du projet en plein centre-ville.

La densification par surélévation est un défi technique majeur, amplifié ici par la gestion d’un chantier en site occupé. Les toitures des bâtiments ont été démontées pour laisser place à un nouvel étage mansardé sur la partie longeant la rue Vogt, et à deux niveaux supplémentaires du côté du boulevard de Pérolles. Le premier défi a été de surélever les bâtiments en conservant les éléments porteurs existants. Une structure mixte bois-béton a permis d’alléger au maximum le poids des nouveaux ouvrages. Malgré tout, plusieurs murs porteurs existants ont dû être renforcés, au dernier étage en particulier, afin de porter la charge des nouvelles constructions et de rehausser les noyaux de circulation en béton armé. Pour marquer la distinction entre les parties anciennes et les nouveaux étages, la surélévation est revêtue d’une tôle préfabriquée agrafée et a été conçue en retrait par rapport aux façades existantes, une manière d’alléger le poids de la construction. Ces gestes architecturaux permettent ainsi de souligner l’évolution du bâtiment tout en respectant son intégrité historique.

La surélévation, réalisée en seulement un an, a nécessité une coordination minutieuse. Le phasage de chacune des étapes a constitué un défi majeur pour les équipes de Halter Rénovations. Si des rocades ponctuelles ont été menées afin de déplacer les locataires le temps des travaux, idéalement dans le même bâtiment, le septième niveau a toutefois dû être entièrement évacué afin d’effectuer les travaux préparatifs à la surélévation. Une grande complexité puisque, la toiture ayant été démontée, il a fallu travailler à ciel ouvert avec les locataires dans les étages inférieurs. Les locataires étaient au centre des préoccupations, dictant les étapes de chantier, témoignant de l’expertise de Halter dans la gestion humaine et technique des chantiers en site occupé. Les travaux de façade notamment devaient être complétés par tranches, sur une durée d’un mois afin de limiter les perturbations liées à la perte d’isolation.

Au-delà de sa dimension architecturale qualitative, ce projet met en évidence une rénovation énergétique. L’enveloppe thermique a été entièrement revue: isolation par l’extérieur de 22 centimètres supplémentaires sur les murs, toiture et caves, remplacement de toutes les fenêtres par des vitrages performants et connexion au chauffage à distance. Le projet illustre ainsi les opportunités qu’offre la transformation pour réduire l’empreinte carbone du bâti existant et assurer la pérennité d’un bâtiment. Dans un contexte où les villes cherchent à limiter l’étalement urbain, ce projet peut être vu comme un modèle: il prouve que densification et durabilité ne sont pas antagonistes mais se renforcent mutuellement. Ce projet est donc plus qu’une rénovation. Il montre comment une intervention intelligente peut réconcilier enjeux écologiques, besoins de densification et respect du patrimoine, tout en mettant les usagers au centre des priorités. Une réponse concrète à la question urgente de la transformation durable de nos villes.