Le concours, une chance à saisir

Les secteurs de la planification et de la construction se transforment en un modèle intégré de création de valeur et en un système d’information et d’innovation de bout en bout. Les concours ne doivent pas se contenter de survivre à cette évolution, ils doivent y jouer un rôle de poids et se renforcer dans leur essence même. Le débat ne fait que commencer.

Dessin : Bernard Tschumi Architects, projet de concours portant sur le nouveau Musée de l’Acropole, 2014

Les secteurs de la planification, de la construction et de l’immobilier génèrent, selon la méthode de calcul utilisée, entre 15 et 18 % du produit intérieur brut de la Suisse et comptent donc parmi les moteurs économiques les plus importants du pays. Il n’est donc pas anodin si, en comparaison sectorielle, la construction et l’immobilier sont les lanternes rouges en termes de croissance de la productivité du travail (voir graphique ci-dessous). Il suffit pour s’en rendre compte d’observer un chantier de construction actuel, qui ressemble étonnamment à ce qu’il était il y a cent ans.

Toutefois, le recul de la productivité du travail ne doit pas occulter le fait que les choses bougent beaucoup actuellement et que le blocage des réformes est en train de se résorber dans le sillage d’une vague de changements profonds. Ainsi, la chaîne de valeur linéaire basée sur le principe de la cascade, telle qu’elle est définie dans les contrats types et les règlements de prestations, est en réalité confrontée depuis longtemps à une multitude de modèles organisationnels. Citons entre autres l’intégration horizontale (entre planificateurs de différents domaines spécialisés) et verticale (regroupements tout au long de la chaîne de valeur, notamment les modèles d’entrepreneur total), l’imbrication de la planification et de l’exécution (comme dans la construction modulaire), le grand retour du préfabriqué, l’importance croissante des solutions techniques d’entrepreneurs ou encore l’orientation de la planification et de la gestion sur le cycle de vie complet des infrastructures, rendue possible par des modèles de données de bout en bout grâce à la numérisation. Alors que les associations ont du mal à renoncer à leurs acquis et à participer à cette évolution dans l’intérêt de l’ensemble du secteur, des approches et des produits ambitieux de la scène PropTech ou de précurseurs numériques du secteur apparaissent presque chaque jour sur le marché.

Evolution de la productivité du travail par branche, 1995–2016

L’avenir indissociable de ses origines

Les concours d’architecture datent d’au moins 2500 ans. On a notamment connaissance d’un concours pour la construction de bâtiments sur l’Acropole d’Athènes en 448 av. J.-C., et plusieurs concours bien documentés existaient déjà à l’époque de la Renaissance, par exemple pour des édifices religieux en Italie. Cependant, la forme contemporaine des concours de planification ne naît que dans la seconde moitié du XIXe siècle. Depuis, les concours font partie de la culture (de la construction) de pays comme l’Autriche, la Finlande ou la France. Mais la Suisse occupe une position particulière à cet égard. C’est en effet le seul pays où les maîtres d’ouvrage et les planificateurs considèrent les concours comme faisant tout naturellement partie de leur culture de travail. La Suisse peut donc, par rapport au reste du monde, se targuer de disposer d’un système de concours largement répandu, qui revêt une grande importance économique et sociale.

A la fin du XIXe siècle, le jeune Etat fédéral commence à construire un grand nombre de bâtiments représentatifs sur la base de procédures modernes de concours d’architecture – à l’instar des bâtiments postaux, emblématiques de nombreux centres-villes aujourd’hui. Deux événements méritent d’être soulignés dans ce contexte . D’une part, l’adoption de la Constitution fédérale de 1874, qui autorisait la Confédération à fonder sa propre autorité en matière de constructions. D’autre part, l’Assemblée générale de la jeune Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA) qui s’est tenue à Zurich en 1877, à l’occasion de laquelle l’association a adopté ses principes pour le règlement des concours d’architecture.

Ces deux événements ont permis à l’Etat suisse, alors lui-même encore en pleine définition de ses institutions et de son identité, d’édifier ses bâtiments publics. En même temps, dans le cadre de la création du règlement des concours, les ingénieurs et architectes suisses ont dressé un plan d’action afin que les prestataires de planification et de construction aient leur part du gâteau. A cette époque (et aujourd’hui encore), l’acquisition était le moteur des associations professionnelles 11 Komplex No 12/2019 en Suisse. Avec la mise en place du système de concours suisse, les mandataires ont progressivement mis sur pied un marché national inédit pour les prestations de planification et de construction. La mise en concurrence fait toujours partie de l’ADN de la planification suisse et joue donc un rôle central dans l’identité du secteur. Mais des questions se posent quant à l’utilité des concours, à leur essence et à la manière dont nous pouvons les développer aujourd’hui, pour l’avenir.

La légitimité, résultat d’un processus

Le premier point fort de la mise en concurrence est sa capacité à créer de la légitimité de par son processus même. Cet aspect prend de plus en plus d’importance dans un contexte de développement de l’urbanisation vers l’intérieur du milieu bâti, avec ses multiples parties prenantes. Depuis une quinzaine d’années, des questions telles que le logement, le développement urbain et l’aménagement du territoire se sont fortement politisées et suscitent désormais l’intérêt général. Les concours doivent devenir davantage une source d’acceptation et de légitimité. Mais comment faire ? Deux théories classiques des sciences systémiques et sociales l’ont mis en lumière : en 1981, la « théorie de l’agir communicationnel » de Jürgen Habermas jette les bases pour comprendre comment la communication peut être source de rationalité. Prenons à titre d’exemple la prise de décision dans la planification : dans ce cas, la légitimité et donc l’acceptation d’une décision ne reposent pas uniquement sur son contenu, mais aussi sur la manière dont elle est prise et qui est impliqué dans l’élaboration de solutions. Les spécialistes de la théorie des systèmes Roger C. Conant et W. Ross Ashby l’ont formulé de la sorte dès 1970: « Tout bon régulateur d’un système doit en être un modèle. » Le concours est donc un reflet de la réalité. Les membres du jury professionnel représentent les disciplines les plus pertinentes du secteur, ceux du jury non professionnel d’autres domaines décisifs dans le cas d’espèce. On retrouve ainsi dans les jurys les discours, les dynamiques et les conflits d’objectifs qui existent dans la réalité et qui permettent à la procédure – comme modèle de la réalité – de prendre des décisions collectives.

Dans une perspective d’avenir, cela signifie toutefois que non seulement les membres du jury professionnel, mais aussi ceux du jury non professionnel doivent posséder les compétences nécessaires. C’est la raison pour laquelle les compétences sociales, économiques et technologiques doivent être renforcées au sein du système. Ce que le public sait des questions relatives au développement de la construction dans nos villes, il l’a le plus souvent appris au travers de procédures de concours. Le concours soulève des questions et fait le lien entre le bâti et le social. Le deuxième point fort de la mise en concurrence est donc sa capacité à traduire des idées entre des domaines distincts de la réalité : d’une part, les concours peuvent être considérés comme des passerelles directes entre différents domaines de la société tels que la politique, l’esthétique, le droit, l’économie et la science. Cet aspect interdisciplinaire permet à un concours d’établir des liens et de servir de médiateur entre différents domaines essentiels pour la planification dans le cadre d’une même procédure. D’autre part, les concours servent d’intermédiaires entre le discursif et le construit. Ils traduisent par exemple dans le « programme de construction d’un établissement scolaire » les questions sur la signification des concepts d’« enfance » et d’« apprentissage », ainsi que sur la manière de concevoir les relations entre l’enseignant et l’élève aujourd’hui et à l’avenir. Il en va de même pour les questions d’habitat et de travail et les projets de construction de logements ou de bureaux correspondants : quel genre de vie souhaite-t-on y vivre et quelle forme de construction la fera s’épanouir au mieux ?

Les concours transforment donc les idéaux sociétaux en un paysage urbain construit, créant ainsi des références identitaires pour la société.

Variantes et adjudication

Historiquement, les concours sont des « procédures d’adjudication avant la lettre ». Ils ont longtemps été réalisés de cette manière, avant même que le système d’adjudication n’existe sous sa forme actuelle. Un concours vise à trouver, par le biais d’une concurrence organisée, le meilleur projet, le meilleur partenaire ou les deux. Avec l’entrée en vigueur de l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les marchés publics en 1994, la mise en concurrence en Suisse s’est également vu accorder une grande importance en tant que procédure d’adjudication sur le plan formel.

Un concours ne sert cependant pas à évaluer des offres clairement définissables (matériaux, fournisseurs, etc.). Il est surtout utile lorsque, malgré des spécifications claires (programme spatial, spécifications urbanistiques), une ébauche est nécessaire afin d’explorer diverses possibilités. C’est ainsi que, dans la recherche du meilleur projet, une grande variété de solutions concurrentes voient le jour, avec souvent, voire systématiquement, des surprises à la clé. Cela fait partie de la procédure d’adjudication du concours et ne constitue pas un accident de parcours. Les maîtres d’ouvrage affirment certes que « les critères d’évaluation sont définis dans le programme du concours et sont connus de tous les participants » (voir, par exemple, l’exposition « Fokus Architektur-Wettbewerbe », Service des travaux publics du canton de Zurich). Mais cela n’est vrai que dans une certaine mesure. En effet, c’est précisément le fait que les critères soient affinés, modifiés ou précisés au cours de la procédure qui fait du concours ce qu’il est et qui remet donc en cause pour de bonnes raisons les prescriptions de l’accord de l’OMC.

Evaluer avec l’oeil d’un concepteur

La sélection par concours s’apparente au processus de conception. C’est un processus créatif où les critères de décision prennent forme tout au long de l’évolution du programme et des projets proposés. Ces critères ne sont donc pas indépendants des solutions présentées. En d’autres termes, le concours met l’accent sur l’incertitude et l’obligation d’apprendre.

Les procédures d’adjudication fondées sur l’accord de l’OMC sont très différentes. Elles reposent sur des commandes définitives, sujettes à recours et / ou exigibles, puisque les critères d’adjudication sont définis dès l’appel d’offres. En Suisse, très peu de gens s’intéressent aux intérêts divergents existant entre un concours et un appel d’offres technique. C’est insensé, car lors d’un concours de planification, une institution culturelle essentielle doit en effet se conformer à un ensemble de règles convenues au niveau international.

Quelle est donc l’essence même d’une sélection par concours ? Le processus d’évaluation d’un jury est avant tout une interaction entre la foule des possibilités offertes, qui ne se font jour qu’au travers des projets soumis. Cela signifie que le programme, la composition du jury et les projets soumis ne permettent de faire émerger que le spectre des possibles qui déterminera la pertinence et la légitimité des propositions. Les critères effectifs – pas nécessairement ceux qui figurent dans le rapport du jury – ne sont définis que dans le contexte de l’interaction décrite. Telle est l’essence d’une sélection par concours, cela et rien d’autre. Rien ne distingue plus clairement l’essence des concours des autres procédures d’adjudication. Comme le souligne Jean-Pierre Chupin, chercheur spécialiste des concours à l’Université de Montréal, le travail du jury ressemble en soi beaucoup au processus de conception avec ses séquences de mise au point et d’élimination. Une approche réfléchie et anticipée des infractions au programme (par exemple par le biais de la possibilité d’attribuer des mentions) – parce que l’équipe propose des solutions qui élargissent pour le mieux la question – est un autre argument à l’appui de ce raisonnement. Cependant, la discussion que l’on peut entendre sur les concours montre clairement que les partisans du système ne se rendent pas suffisamment compte de ce que représente réellement la sélection par concours. L’internationalisation du secteur de la construction et de la planification est actuellement en plein essor et la culture suisse des concours n’y est pas préparée.

Le « système » des concours

Les secteurs de la planification et de la construction se transforment en un modèle de création de valeur intégré et en un système d’information et d’innovation de bout en bout. Il était grand temps ! Les concours ne doivent pas se contenter de survivre à cette évolution, ils doivent y jouer un rôle de poids et renforcer leur essence même : créer de la légitimité, traduire, générer des solutions variées et, surtout, permettre d’apprendre à évaluer avec l’oeil d’un concepteur. C’est ainsi que leur forme concrète va changer, à l’instar de l’ensemble des modèles de collaboration. L’opinion très directe de Thorsten Dirks – « Si vous numérisez un processus foireux, vous obtenez un processus numérique foireux » – nous rappelle cependant que la numérisation est un changement de culture économique (collaboration, partage des risques, circulation de l’information, etc.) et non pas une simple question de technique. Il ne faut donc surtout pas envisager de numériser les formats actuels.

Nous savons que les processus d’apprentissage se déroulent généralement au niveau d’un système et non des individus. C’est le cas notamment pour la sécurité routière, qui n’est pas attribuable à de meilleures compétences des conducteurs. Il en va de même pour les concours : les formes de jeu, les procédures, la répartition des risques doivent être repensées pour le « système » de concours dans son ensemble et non pour chaque concours.

La gestion de projet conventionnelle selon la SIA
La gestion de projet intégrée – modèle d’avenir

Vers une gestion de projet intégrale

La mise en concurrence actuelle s’inscrit dans un modèle de création de valeur qui est remis en question dans ses fondements mêmes. Dans la gestion de projet conventionnelle (illustrée par exemple dans les descriptions des prestations de la SIA), les processus se déroulent de manière linéaire, successive et séparément les uns des autres – la planification (mandataire) et l’exécution (entrepreneur) sont très éloignées les unes des autres (principe de cascade) De tels modèles conviennent lorsque la sécurité l’emporte sur les prestations et les solutions. Ils ne fonctionnent en revanche pas lorsqu’ils interviennent dans un contexte où l’innovation est engendrée par l’association de pratiques jusqu’alors dissociées ou par des rétroactions entre conception et mise en oeuvre. Dans ce cas, on se retrouve avec un cloisonnement des connaissances et des expériences qui fait obstacle à l’innovation du fait de l’absence de liens entre les différentes formes de savoirs. Autre conséquence : les risques ne sont traités que tardivement dans le processus, par exemple les dangers d’échec courants et non négligeables que représentent les coûts, l’aptitude à recevoir une approbation ou les chances d’acceptation.

Dans le cadre de la gestion de projet intégrée, en revanche, les processus se déroulent en parallèle et à plusieurs niveaux et profondeurs de planification simultanément Le design et l’ingénierie, la production et le fonctionnement entrent dans un système circulaire. Les connaissances et les expériences sont intégrées au début du processus et les informations sont partagées ouvertement. La culture de la collaboration change également, le succès reposant sur la confiance et le respect. Le secteur tendant à adopter ce genre de processus intégrés, il faut se poser les questions suivantes : à quoi sert le concours dans un processus de planification et de construction intégré, et comment fonctionne-t-il?

Modèle d’innovation intégré

Dans le modèle conventionnel, ce sont le Quoi (fonction, volumes, etc.) et le Comment (méthode de construction, etc.) qui dominent toutes les phases de la planification jusqu’à l’appel d’offres. L’appel d’offres porte ensuite essentiellement sur le prix, ce qui n’a de sens que si les offres ne diffèrent guère sur le plan qualitatif (en termes de type de solution). En revanche, dans une méthode de travail intégrée de bout en bout, assistée numériquement et basée sur le cycle de vie, les solutions présentent de plus grandes différences conceptuelles et des degrés d’innovation plus élevés, nécessitent des connaissances spécifiques et ne peuvent donc pas être pilotées ou sélectionnées principalement en fonction du prix. Ainsi, la question du partenaire spécifique passe au second plan, derrière le Quoi. Dans l’univers intégré et numérique, le Comment résulte donc largement du Quoi et du Qui. Les questions liées aux compétences, à l’innovation et au partenaire deviennent ainsi la véritable condition préalable au Comment. Les nouveaux acteurs – le Qui – et notamment les entrepreneurs doivent par conséquent être systématiquement impliqués dans le processus de conception. Cela remet en cause le concours et les limites du système et on voit se dessiner une « inversion du cas normal »: le concours de projets conventionnel est fondé, pour la planification, sur le principe de la cascade et donc sur un modèle de moins en moins capable de relever les défis systémiques et structurels. Un nouveau type élargi de concours portant sur une prestation globale pourrait-il ainsi devenir la forme prédominante naturelle de concours dans un environnement de planification intégré ? Tout indique que c’est le cas. Comme le montre la confusion qui règne dans le Building Information Modeling, il est également essentiel de définir clairement les prestations, les obligations et les modalités. Pour ce faire, nul besoin d’une instance de régulation. Il serait plus approprié de privilégier des cultures de collaboration établies dans les domaines de l’open source et de l’open data. Celles-ci offrent en effet à tout secteur la possibilité de mettre en place progressivement, collectivement et de manière transparente des normes ouvertes auxquelles on pourra se référer à l’avenir et qui peuvent être perfectionnées.

Comparaison coût-temps dans le modèle conventionnel
Comparaison coût-temps dans le modèle numérique intégré

Extension des limites du système

Outre des raisons structurelles d’intégration, des raisons factuelles font également éclater les limites du système de concours. D’autres dimensions socialement pertinentes – en particulier une meilleure compréhension du développement durable en tant qu’approche sur plusieurs générations et cycles de vie – doivent à l’avenir pouvoir être « traduites » au moyen de procédures de concours. En ce qui concerne l’urbanisme, l’aménagement du territoire, le développement vers l’intérieur, le climat urbain, les espaces commerciaux et d’habitation abordables, les solutions énergétiques et l’intégration systématique du cycle de vie à différents échelons dans la prise de décisions, la distinction entre professionnels et non professionnels est aussi insuffisante. Elle reflète le principe de la cascade avec ses étapes successives au lieu de prendre en compte les expériences et connaissances équivalentes de façon intégrée et circulaire. Afin de pouvoir garantir une légitimité à l’avenir également, d’autres dimensions essentielles à la réussite du projet doivent donc être considérées dès le début du processus de concours. Cet intérêt précoce pour l’analyse renforce le système de concours : la réflexion holistique, spécifique au site, et la concurrence entre des variantes de solutions fondamentalement différentes sont encouragées et renforcées dans d’autres domaines de la planification et du développement.

Pour que le champ d’application thématique des concours puisse être élargi, il faut que les possibilités de simulation dans les domaines de l’énergie primaire, des coûts (investissement et exploitation) et du comportement des utilisateurs (repérage, orientation, etc.) soient intégrées en continu et de manière interactive tout au long du processus de planification – et en particulier de la phase d’évaluation des projets. Le fait d’évaluer avec un oeil de concepteur dans le cadre d’un processus d’apprentissage ouvert qui pose les critères de décision du jury permet de couvrir un plus grand nombre de dimensions.

La promotion de la relève dans le cadre des concours peut également être considérée sous un jour nouveau, car elle concerne des jeunes talents dans toutes les disciplines de la planification et dans le domaine des start-up. Si l’on considère des champs d’activité comparables très marqués par l’innovation dans lesquels les prestations intellectuelles se font concurrence, ce sont généralement les jeunes et les passionnés d’innovation qui font la course en tête ; les entreprises établies courent pour leur part le risque de rater le coche.

Les concours à l’origine de l’augmentation de la productivité

Les données clés dans les domaines de l’énergie et des coûts sont intégrées, analysées à un stade précoce et définies de manière contraignante. Résultat : les risques sont réduits et la productivité augmente. Sur le plan conceptuel, le concours conventionnel couvre les principaux objectifs contradictoires et constitue essentiellement une aide pour leur négociation et leur examen axé sur la recherche de solutions. Comme on l’a vu, cela a été la base de son succès pendant longtemps : le concours est source de légitimité ! Cet aspect sera encore renforcé et élargi sur le plan thématique dans le cadre du concours intégral. A l’avenir, le lobbying politique devra être encore plus intensif qu’aujourd’hui. En effet, le résultat holistique et intégratif du concours ne doit pas être dissocié et divisé dans une logique de cloisonnement des connaissances ou de la réglementation. La véritable qualité des bons résultats de concours réside précisément dans le fait qu’il s’agit d’une solution intégrale. Et celle-ci doit recevoir plus de poids dans un univers thématique plus large, car intégré ! Il est important dans ce contexte que l’on ne puisse pas travailler « un peu » de manière intégrative. Au contraire, notre branche fait face à un changement de système. En conséquence, l’alliance renouvelée et élargie des partisans des concours doit veiller à ce que ces derniers puissent produire des résultats de qualité et solides (y compris la sécurité juridique) et permettre d’économiser du temps et de l’argent.

Le secteur et sa nouvelle culture

Il a été démontré plus haut que le concours devait être considéré dans son contexte (origine, avenir) et compris dans son essence. Le présent texte est un appel à renouveler le système de concours avec le même esprit pionnier, le même optimisme et la même volonté de réussite que lors de son lancement. Pour y parvenir, nous devons risquer notre peau, nous remettre en question et avoir le courage de contester de front les défenseurs du statu quo et les sceptiques. Nous, planificateurs et spécialistes de la construction, devons faire sortir notre branche de la logique de syndicalisme et de l’écueil des accords sur les prix et les honoraires.

Le renouvellement du concours en tant que moteur d’une gestion de projet intégrée et d’une méthode de travail innovante est pour nous une preuve de faisabilité. Chacun devrait être invité à participer de manière productive à une alliance pour le développement progressif d’un concours intégratif. Les personnes d’ores et déjà prêtes au changement prendront très bientôt leurs distances avec celles qui ne font qu’en parler.

Cet article est publié dans l'édition imprimée KOMPLEX 2019. Vous pouvez commander ce numéro et d'autres gratuitement ici.

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